Terceira et Sao Jorge

Dimanche 17 juin, fête des pères, départ pour Terceira ! 24H de navigation qui s’annoncent tranquilles… Pas de vent…. On fera quasiment tout au moteur ! Point positif, au moteur sur une mer-lac, le pilote auto fonctionne ! On aura la visite des dauphins et de deux petits requins dont on voit les ailerons faire des ronds à la surface. Les enfants font aussi leurs quarts, ce qui allège notre emploi du temps et est bien agréable ! Les conditions de navigation ne le permettent pas toujours ! Quand le temps est clément, Siméon fait trois quarts d’une heure chaque jour, un le matin, un l’après midi et un dans la soirée. Parfois Loïza l’accompagne, elle m’accompagnera aussi au début de mon quart de nuit une bonne heure quand même, ça fait de la compagnie ! Elle voulait que je la réveille pour le lever du soleil, mais à 5H30, un peu rude, je n’ai pas réussi !

L’arrivée à Angra do Heroïsmo sur Terceira se fait en douceur sur une mer d’huile. On passe les deux gros rochers qui bordent l’entrée de la baie, ils sont impressionnants. Il y a du fond dans l’étroit passage entre les deux, pendant la dernière guerre c’était la base de deux sous marins alliés. On mouille au fond devant le club naval, la baie est bien abritée et donne une super vue sur la ville d’Angra, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, avec ses façades et ses églises colorées, ses petites ruelles en pentes et ses toits en quinconces, c’est une sorte de mini Lisbonne…

Le moteur de l’annexe fait encore des siennes, il n’a vraiment pas apprécié son bain à Mindelo… On démonte, on nettoie, on remonte, mais ça tousse toujours, ça cale inopinément, ça refuse de démarrer…. Il y a du vent et le mouillage est loin de la marina. De plus, depuis ce bain à Mindelo suite au retournement de l’annexe dans lequel on avait aussi perdu les rames et les tongs des enfants, on bricole pour ramer avec les pagaies des canoës qui ne sont pas adaptées et qu’on ne peut pas fixer aux dames de nage ! Décision est prise d’aller à la marina, tant pis ! On fait bien, car il y a une place pour nous, ce qui est rare pour des grands bateaux dans ce petit port à cette période. Et oui, car c’est les fêtes de la Saint Jean, Les San Joaninas, véritable institution ici, cela dure dix jours de l’après midi au petit matin, toute l’île et même plus est dans la rue ! Au programme : défilés de chars, de groupes folkloriques, de fanfares (Il y en a une dans chaque hameau, ici tout le monde joue d’un instrument, c’est impressionnant!), danses de toutes les écoles et crèches, reconstitution de scènes traditionnelles, marchés artisanaux, restaurants éphémères, Taureau dans les rues, concerts… On se prépare à bien dormir !

On part ensuite visiter la ville : Forteresse militaire, marché, ruelles… On fait des courses, on prévoit de partir trois jours en camping en stop, il y a sur cette île un grand tunnel de lave à explorer et un cratère bien encaissé et profond, gouffre immense à aller voir.

Il n’y a pas à dire, les Açoriens savent y faire en matière d’aires de camping et de barbecues. Ici aussi il y en a partout ! Certaines où il y a même des douches ! Tout est super bien entretenu dans des endroits isolés avec des vues de fou ! Eau courante et poubelles, et bien souvent pas un chat, le luxe d’être seuls pour en profiter ! Enfin presque seuls… La nuit une horde de puffins fait son concert…. Ces oiseaux actifs tout le temps où le soleil est couché passent leur temps à voler en émettant des cris très particuliers… Allez voir sur internet si vous en avez le cœur, c’est assez insolite ! Cette pointe de Raminho est vraiment magnifique.

On bouge ensuite vers un terrain de camping traditionnel, à Biscoitos. Là déception… c’est assez cher et très basique, une nuit suffit, demain on rentre ! Une fois posée la tente, on part en stop vers l’intérieur de l’île, les lignes de bus ne permettent que d’en faire le tour. On enchainera un petite rando de deux heures dans des coulées de lave jeunes (18éme siècle) colonisées par la végétation , parfois très imbriquée, ce qui donne à cette rando de mistérios negros un côté très ludique, bon à savoir quand on est avec des enfants ! A éviter quand même en cas de pluie récente, toute la première partie doit être très très boueuse alors. Après une petite sieste sur un muret au soleil, on file sous terre avec la visite d’un tunnel de lave, au cœur de la coulée avec le volcan d’où elle est sortie en arrière plan. Nouvelle cession de stop pour se rendre au site majeur de Terceira, l’Angra do Carvao, gouffre impressionnant créé par une éruption, on emprunte le chemin de la lave en sens inverse, on voit encore la fine pellicule de lave refroidie sur les parois là aussi bien vertes du haut de la cavité. Les volumes sont impressionnants plus bas et le tout se termine par un lac cristallin d’eau de pluie. Comment bien finir cette journée si ce n’est avec des hamburgers maison au barbecue ! Miam !

Nous resterons les jours qui suivront aux alentours d’Angra, pour profiter des fêtes, et bricoler un peu, faire des lessives, Siméon pour vendre ses productions (avec de plus en plus de succès, il faut le dire, il crée au fur et à mesure de nouveaux modèles!) et se balader dans la nature au dessus d’Angra. Il y a un cratère à gravir juste au dessus de la forteresse, une rando en fait le tour, toujours insolite !

Nous sommes étonnés de l’ambiance qui règne dans la ville, plusieurs milliers de personnes sont là pour faire la fête, pas un policier, pas une embrouille, pas de déchets par terre tout est dans les poubelles… Pourtant ici tout est jetable, les éco-cups n’ont pas encore fait le voyage ! Les Açoriens sont étonnants de civilité, même alcoolisés, tout le monde est là pour s’amuser et rien d’autre ! On a vraiment du boulot pour en arriver là sur le continent !

Mais nous nous préparons déjà à partir pour Faial, Laurent et Bérangère de Zanzibar nous ont dit qu’il y avait des bateaux français là bas avec beaucoup d’enfants de l’âge de Siméon et Loïza. Des copains de leur âge leur auront vraiment manqués cette année… Depuis le départ du Sénégal en mars, seulement trois jours passés avec des enfants rencontrés en marina ou au mouillage, c’est peu !

Le début de la navigation se passe bien, assez tranquille même si couvert, tout le monde se met à faire du matelotage, Siméon pour augmenter son stock, Manu et Loïza pour trouver de nouvelles idées et pour apprendre. A partir du début d’aprem c’est plus laborieux, entre les îles de Sao Jorge et de Pico le vent est très instable en force et en direction, impossible de tenir une route dans ces conditions, on ne fait que réduire et relancer, changer de cap tous les quarts d’heure, le tout principalement au près, on ne se voit plus avancer. On voit débouler devant nous au portant une bonne dizaine de bateau en tout faisant route vers le Nord Est… On pressent que la marina de Faial se vide avec les bateaux profitant de la fenêtre pour rentrer en Europe… Pas sûr que les copains potentiels des enfants soient toujours là bas…

Choix est fait de s’arrêter à Sao Jorge pour la nuit et de repartir pour Faial le lendemain. Finalement les conditions de vent non favorables nous laissent quelques jours à Velas au mouillage sur Sao Jorge. On avait prévu d’y venir plus tard, ça nous évitera un aller/retour.

Sao Jorge est vraiment plus sauvage que les îles visitées jusqu’alors. Tout en long, elle est moins touristiques et moins dense en population que les autres. Il y a vraiment de quoi rester un moment, on y restera 5 jours sous la pression des enfants qui attendent Faial avec impatience ! Nous avons quand même eu le temps de nous balader un peu, une journée en voiture (vraiment indispensable pour se déplacer ici) et une journée en stop. Nous avons pu voir la seule production de café d’Europe sous ces latitudes, des piscines naturelles impressionnantes dans un paysage chaotique, des fajas sauvages (zones planes en bord de mer sur cette île escarpée crées suite à des éboulements), des landes peuplées de vaches sur des kilomètres et des kilomètres, du bocage à perte de vue dont les haies de plus de deux mètres de haut parfois sont intégralement constituée d’hortensias (en cette saison la floraison est à son max, magnifiques ces étendues vertes quadrillées de bleu à perte de vue)… On s’est aussi fait un barbeuc d’antologie dans un coin incroyable suivi d’un rallye à fond de train sur la piste menant au phare tout à l’ouest de l’île, on a visité la fabrique de fromage coopérative et profité des piscines naturelles, sans oublier les joies de la pêche au mouillage ! Tellement poissonneux que Siméon a eu deux balistes en ½ heure juste avec une ligne plombée sans leurre ni appât, et Manu le lendemain une grosse sériole au harpon depuis la jupe arrière, même pas besoin de se mettre à l’eau ! On s’est régalé ! Nous avons aussi fait la connaissance d’Hirondelle et de son équipage, avec Saïa qui a le même age que Siméon, on devrait les revoir à Horta (le port de l’ile de Faial). Départ donc ensuite pour Faial, mais ça, c’est une autre histoire !